decembre 1593.                       555
esté autre ni ne seroit que de les maintenir de toute sa puissance, les aimer et honnorer : comme aussi il at­tendoit le reciproque d'eux et de tous les gens de bien de ceste ville, pour la conservation desquels il vouloit exposer et ses biens et sa vie.
Ge jour, le Roy, fasche de ce que Passart et Mar­chant avoient esté chassés de l»ris, dit que c'estoient de vrais manans qui avoient fait les sots et avoient ba­billé: qui estoit tout ce qu'ils savent faire. Dont il estoit bien marri : car il avoit plus affaire de ses bons servi­teurs à Paris qu'il n'avoit jamais eu.
Ce jour, les jacobins estoient sur le procureur ge­neral Molé, pour un jacobin qui avoit tué un de ses compagnons. Sur quoi on disoit qu'aians tué leur Roy, Dieu permectoit qu'ils se tuoient l'un l'autre.
Ce mob de decembre ne fust nullement froid ; sa constitution , plus automnale qu'hyvernale ; grands vents et impetueux, que les bonnes gens appellent trahison.
En ce mois de decembre de l'an present 1593, les fauxbourgs de Paris furent remplis de soldats qui y fi­rent mille vilanies et insolences, forçans jusques aux vieilles femmes et filles au dessous de l'aage de dix ans. De quoi sont faites forces'informations, mais point de punition.
En ce mesme mois et an, à sçavoir le ao decembre, ad vinst qu'un Neapolitain, amoureux désespérément d'une Cordonnière demeurante au bout du pont Saint-. Michel à Paris, qu'on nommoit la belle Cordonnière* lui enyoia demander trois gouttes de son laict,pour ce qu'elle estoit noUrisse, pour un mal d'œil qu'il disoit avoir; lui envolant quant et quant dix escus, qu'elle-
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